jeudi 2 juillet 2009

Marc Ona Essangui: un gabonais dénonce les ententes illicites autour d'un grand projet minier



Marc Ona a exposé publiquement les ententes illicites derrière un grand projet minier menaçant des écosystèmes sensibles: les forêts humides équatoriales du Gabon.
Ses efforts l'ont conduit à une victoire sans précédent pour la société civile au Gabon; ainsi, le gouvernement a adopté de nouveaux règlements sur le contrôle de l'environnement et a réduit manière significative la taille de la concession minière.

Le Gabon fait partie de la forêt tropicale du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale au monde.
Le Parc National Ivindo, 3000 kilomètres carrés, a été créé en 2002, lorsque le président gabonais Omar Bongo, a déclaré que 10 pour cent du territoire du Gabon deviendrait parc national.
Avec une riche biodiversité et des espèces endémiques, y compris les populations d'éléphants de forêt, des gorilles de plaine, des chimpanzés, des buffles et des forêts, le parc est apprécié par le peuple gabonais. Le parc abrite également les chutes d'eau les plus admirées dans les forêts équatoriales de l'Afrique: Kongou et Mingouli.
Cependant, depuis 2002, l'intégrité même du parc a été maintes fois menacés par des ressources d'extraction et le développement des infrastructures.
Le plus critique a été la proposition de projet de développement de la mine de Belinga, un projet de 3,5 milliards de dollars qui comprend une mine, un barrage, des chemins de fer et un port.

Tout au long de l'élaboration du projet, les parties associées à la mine de Belinga ont négocié en secret. Les communautés concernées n'ont pas été consultés et ne sont pas au courant de l'impact potentiel que pouvait avoir la concession minière sur leur environnement.
En Juillet 2007, la société chinoise, CMEC, en violation flagrante du Code de l'environnement au Gabon, a commencé la construction d'une route directement à travers le parc national d'Ivindo vers les cascades. Aucune étude d'impact sur l'environnement n'a été réalisé.
Un projet de cette envergure dans un parc national a des implications plus larges sur les efforts de conservation pour le Gabon, pouvant conduire jusqu'à la déclassification du réseau des parcs nationaux ainsi que d'exposer des écosystèmes vulnérables à des industries destructrices.
Marc Ona Essangui, 45 ans, est président et fondateur de l'ONG environnementale Brainforest et président du réseau des ONG appelée Environnement Gabon.
En fauteuil roulant à cause de la polio, Ona travaille également pour les personnes handicapées et les droits de la disponibilité d'Internet pour les Africains.
Dans un pays qui encourage l'investissement étranger pour le développement, Ona est une voix infatigable pour la protection de la forêt et de ses habitants.
En 2007, Ona prend connaissance de l'accord entre le gouvernement et la société chinoise concernant le projet minier. Jusque-là, les termes du contrat avaient été cachés au peuple gabonais.
Ona et ses collègues ont demandé à plusieurs reprises une évaluation de l'impact environnemental du projet de barrage et plaidé en faveur d'un autre site en dehors du parc national à Tsengué-Lélédi Falls, faisant valoir un moindre coût de construction et de plus grands bénéfices aux communautés locales.
Ils ont également fait valoir que les 7.700 kilomètres carrés de la concession étaient excessifs et cela conduirait à des impacts environnementaux néfastes.
Brainforest avec Environnement Gabon, ont travaillé à informer les communautés locales sur leurs droits.
Ona a eu raison de ses efforts: le gouvernement a réévalué la taille de la concession Belinga.
La zone affectée au projet de barrage a été considérablement réduite de 5.700 à 600 kilomètres carrés.
La route à travers Ivindo Parc a été déroutée, et le Président Bongo a décidé de placer deux représentants d'ONG locales d'Environnement Gabon pour un suivi sur le plan social et environnemental du projet.
Sous un examen public minutieux mené par Ona et aidé par la Banque mondiale, le Gabon a renégocié le contrat d'exploitation minière à des conditions plus favorables en Mai 2008.
Ona a du faire face à des risques personnels considérables lors de la campagne pour les questions environnementales et sociales. En Janvier 2008, le ministre de l'Intérieur a suspendu les activités de la coalition des ONG que coordonne Ona au motif que «les ONG locales se sont ingérées dans la politique." Après beaucoup de tollé, la suspension a été levée.
En Mars 2008, une effraction au bureau de Brainforest a entraîné la perte d'informations sensibles relatives au projet de mine de Belinga.
Ona et sa famille ont été récemment expulsés de leur maison, le propriétaire a estimé que les risques d'avoir un militant sur sa propriété étaient trops grands.
Trois fois au cours de 2008, la police fédérale a refusé de laisser Ona voyager à l'extérieur du pays, sans explication.
En Décembre 2008, Ona et plusieurs autres dirigeants de la société civile ont été arrêtés et détenus sans inculpation et sans accès à une représentation juridique dans des conditions déplorables dans les cellules d'un sous-sol pendant cinq jours.
Ona a ensuite été transféré à la prison et accusé de possession de documents pour diffusion et propagande avec l'intention d'inciter à la rébellion contre les autorités de l'État, une charge qu'il nie.
Après les rapports des médias sur l'arrestation illégale d'Ona, le gouvernement a relaché ce dernier, mais les accusations n'ont pas encore été abandonnées.
Marc Ona Essangui a reçu le prix Goldman de l'environnement en 2009.
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